Face à la pandémie, elles interviennent dans des conditions parfois très difficiles
Les soeurs marianistes, elles aussi, sont plus que jamais engagées sur le terrain en ces temps de crise sanitaire mondiale. Au Togo, au Centre de Santé de Kpatchilé et en Inde, au Foyer Adèle House de Ranchi, elles viennent en aide aux plus démunis dans des conditions souvent pénibles.
La pandémie de Covid-19 fait vivre à l’Afrique des jours difficiles. Au Togo, alors que le couvre-feu des dernières semaines a été levé il y a quinze jours, le nombre de cas officiellement recensés reste relativement stable. Les églises et autres lieux de culte ont tout juste pu réouvrir à partir du 17 juillet. Mais pour les plus démunis, la situation reste très difficile à vivre, car les moyens de subsistance sont considérablement réduits dans un pays qui vit à 90% de l’économie informelle.
Au Centre de santé Saint-Kisito de Kpatchilé, les soeurs marianistes continuent leur mission d’éducation à la santé ; leur principale préoccupation actuelle reste le projet d’acquisition d’une ambulance adaptée au terrain (notamment au pistes chaotiques). Cela permettrait de traiter et d’évacuer efficacement vers des hôpitaux mieux équipés tous les cas graves, quelle que soit la pathologie.
« Nous continuons notre mission au coeur de cette population rurale de Kpatchilé à travers notre présence, notre assistance par les consultations, les soins, les vaccinations dans les villages reculés, la consultation prénatale et les accouchements.
En cette période spéciale de la pandémie, étant donné que Kpatchilé est situé non loin de la frontière du Ghana, très atteint par le virus, et que plusieurs personnes vont souvent au Ghana pour se procurer de quoi se nourrir, il était difficile de gérer ce grand risque que sont les déplacements des voyageurs pour limiter la contamination. Ainsi avons-nous eu des cas de coronavirus dans notre district sanitaire de Dankpen, ce qui a obligé à mettre toute la zone en confinement strict.
Cela a eu des conséquences multiples, à savoir la recherche des voyageurs dans les villages et leur auto-isolement, l’acquisition du matériel de protection pour tout le personnel, et parfois aussi pour certains patients qui manquent de moyen, mais dont nous avons la prise en charge pour les soins curatifs. Ensuite, la population a vu réduits ses moyens économiques : le seul marché du village ne pouvait plus ouvrir car les commerçants ne pouvaient pas faire le déplacement à cause du confinement, ce qui a entraîné des difficultés pour se faire soigner au centre. Les malades arrivaient déjà dans un état très grave avec, surtout, des anémies sévères qui nécessitaient des transferts pour la transfusion dans des hôpitaux à plus de cent kilomètres de route. Et puisque le centre ne dispose pas d’une ambulance, les cas de transfert sont très compliqués : les parents avec, leurs motos, arrivent parfois à l’hôpital après trois heures de route et une fois qu’ils sont arrivés, il n’y a soit pas de kit opératoire pour bien prendre en charge le patient, soit pas de poche de sang compatible, et il faut continuer vers un autre hôpital ; les enfants meurent finalement en cours de route.
Pendant cette période, nous avons surtout eu beaucoup de décès dus à l’anémie ou autres pathologies infectieuses, qui nécessitaient des transfusions ou des opérations chirurgicales qui ont été abandonnées faute de matériel ou de moyen de transport efficace pour arriver à temps à destination.
Une maman, que nous avons reçue à l’accouchement, a saigné abondamment suite au relâchement de l’utérus, ce qui nécessitait des soins urgents. Nous l’avons transférée au CHU de Kara, mais elle a malheureusement succombé, laissant un bébé orphelin. Nous avons eu aussi beaucoup d’autres cas d’enfants de 0 à 5 ans qui sont décédés pour les mêmes raisons.
Une autre difficulté a été la flambée des prix du matériel médical et des médicaments à cause des difficultés d’approvisionnement auprès des fournisseurs, engendrées par le confinement.
Malgré ces difficultés, le centre médico-social continue d’offrir les soins aux malades. Nous continuons de prier pour tous ceux qui nous soutiennent !
PAR L’ÉDUCATION, LES SOEURS MARIANISTES CONTINUENT DE SE METTRE AU SERVICE DES PLUS DÉMUNIS EN S’ADAPTANT AUX NOUVEAUX BESOINS GÉNÉRÉS PAR LA CRISE SANITAIRE.
Au Foyer Adèle House, à Ranchi, en Inde, les soeurs marianistes ont été confrontées à un confinement soudain et brutal qui, bien qu’ayant considérablement freiné l’épidémie, a aussi eu des conséquences désastreuses sur l’économie et sur l’emploi de beaucoup de personnes démunies, en particulier les travailleurs migrants.
Les religieuses de Ranchi témoignent de leur engagement de ces derniers mois :
« Le 22 mars, l’Inde a décrété un jour de couvre-feu. Le jour suivant, le gouvernement a imposé le confinement à tout le pays. D’un jour à l’autre, nous sommes retrouvé enfermées à la maison sans autre possibilité. Nous avons songé à renvoyer chez elles nos candidates et nos postulantes, mais c’était déjà trop tard.
Le confinement a été déclaré au Jharkhand, alors qu’il n’y avait aucun cas dans l’Etat. C’est ensuite que sont apparus les premiers cas et que le confinement a été prolongé. Sont aussi apparus des situations difficiles, comme celle des travailleurs migrants piégés à Ranchi, et des personnes sans travail, sans nourriture ni foyer.
L’Eglise de Ranchi ainsi que le gouvernement ont fait appel aux bonnes volontés pour donner de l’aide, et nous avons répondu dans la mesure de nos possibilités : nous avons collaboré avec les autorités locales pour acheter et distribuer de la nourriture dans notre quartier. Nous l’avons fait également avec nos frères religieux marianistes, dans les REDS Centers (Centre du programme d’éducation et de développement pour les enfants chiffonniers). Face à la pénurie de masques, nous en avons achetés pour les distribuer, et nous en avons aussi confectionné dans notre centre. Au début, nous avons aidé les gens à rejoindre leur maison grâce à notre ambulance car il était impossible de trouver des transports. Aujourd’hui, nous continuons à apporter de l’aide et à répondre aux besoins exprimés autour de nous.
Notre communauté a décidé de prendre soin de jeunes filles accueillies au Foyer Adèle House et de continuer le rythme normal : cours, travaux dans le jardin, temps fraternel au foyer. Nous essayons de continuer nos habitudes quotidiennes. Nous avons célébré les fêtes pascales à domicile, c’était une belle expérience, car ce moment prenait un sens nouveau dans un tel contexte, et nous avons voulu le rendre plus participatif.
Nous vivons un temps d’incertitude. Ranchi a été déclaré « zone rouge ». Nous avons des difficultés à visiter nos soeurs de Singhpur mais nous restons en contact par téléphone. Nous joignons nos prières à celles de nos soeurs à celles du monde entier. »