« Nous voulions un projet de famille qui soit tourné vers les autres ! »
En République Démocratique du Congo, une mission marianiste a accueilli cette année une famille entière pour une aventure hors du commun. François et Linda, ainsi que leurs deux filles, ont rejoint en juillet 2019, pour un an, l’Institut Supérieur d’Informatique Chaminade (ISIC) de Kinshasa dans le cadre d’un double volontariat de solidarité internationale avec la Fondation Marianiste, en partenariat avec la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération). Après quelques mois de présence sur place, ils nous partagent leur expérience et leur vécu.
Comment en êtes-vous arrivés à rejoindre la Fondation Marianiste en tant que volontaires, et en famille ?
François : Je suis moi-même ancien élève de l’Institution Sainte-Marie Grand-Lebrun, établissement marianiste à Bordeaux, et nos enfants y étaient également scolarisées avant notre départ. Notre éducation nous a très tôt rendus sensibles à l’action solidaire, et c’est au gré de l’évolution de nos carrières professionnelle que nous avons senti le besoin de consacrer du temps à un projet qui soit véritablement tourné vers les autres. Il y avait aussi le souhait d’intégrer cette dimension dans l’éducation de nos deux filles, de leur faire comprendre que toute ce qui nous entoure en France, notre confort matériel notamment, n’était pas la seule réalité de notre monde et qu’il faut toujours se préoccuper de ceux qui ont moins. Nous avons donc échangé avec d’autres personnes qui avaient vécu une expérience similaire à celle que nous vivons aujourd’hui, et nous avons été renvoyés vers la DCC (Délégation catholique pour la Coopération), qui nous a aidé à former un projet pour notre famille. Le lien s’est ensuite fait assez naturellement avec la Fondation Marianiste, dont nous recevions déjà la newsletter par e-mail. Le secrétaire général, qui a été très intéressé par notre démarche, et nous a fait plusieurs propositions de mission. Il s’est avéré que l’ISIC correspondait le mieux à nos deux profils.
Comment vos compétences professionnelles vous servent-elles sur le terrain de votre mission ?
Mes études m’avaient amené dans la branche commerciale, le marketing et la communication; j’ai exercé ce métier en agence à Paris ; mais pour moi qui ai grandi avec le déploiement d’Internet, j’ai toujours eu un intérêt pour les technologies nouvelles, c’est pourquoi j’ai eu en vie de me réorienter vers une branche d’avenir, l’édition numérique, et je suis devenu développeur freelance sur Internet. Linda, quant à elle, a mené l’essentiel de sa carrière dans le milieu du tourisme, plus précisément dans l’hôtellerie de luxe, au sein d’établissements prestigieux. Pendant deux ans, elle a notamment été à des postes de responsabilité dans le recrutement et le management, avant de rejoindre un célèbre entrepreneur bordelais dans le domaine du vin. Nous avons donc l’un et l’autre cumulé plusieurs compétences qui nous servent aujourd’hui sur le terrain.
« NOS COMPETENCES PROFESSIONNELLES ACCUMULEES NOUS SERVENT AUJOURD’HUI SUR LE TERRAIN. »
Les premiers mois de notre présence ici ont été consacrés à une prise de contact avec notre environnement, et à chercher à mettre en place quelques initiatives au profit de l’établissement. Le premier projet sur lequel nous nous sommes investis est la réfection de la bibliothèque, qui est toujours en cours, et pour laquelle Linda a fait valoir sa capacité à prendre contact et à mobiliser nos réseaux ; nous recherchons à récupérer de nouveaux ouvrages, sachant que nous voulons aussi répondre aux besoins des élèves sur place, et faire ainsi évoluer la bibliothèque physique vers une bibliothèque numérique, en répondant à des demandes ponctuelles et en mettant plusieurs ressources à disposition des élèves. J’ai aussi proposé d’animer un cours, qui se présente sous la forme d’un atelier, et porte sur une partie du développement informatique dans laquelle je suis spécialisé. Il se trouve qu’il s’agit d’une matière qu’on enseignait en première et en 3e année, mais pas en 2e, et j’ai donc proposé de combler cette lacune, ce qui a été bien reçu. Mon épouse assure aussi un soutien aux étudiants dans leur façon de chercher un emploi, de préparer un entretien d’embauche, de travailler leur élocution, de rédiger un courrier. La direction académique congolaise a saisi l’opportunité de notre présence, et Linda est donc elle-aussi maintenant enseignante dans l’établissement. Je travaille aussi avec le bureau de l’établissement à l’entretien des machines et à l’évaluation des besoin en la matière. Sur cette période, il y a eu enfin un projet de chorale, qui s’est monté assez rapidement avec une dizaine d’élèves.
Cette dernière initiative nous a permis de toucher du doigt la complexité des choses. Il n’est pas toujours si simple d’apprendre à nos étudiants à travailler ensemble, à organiser des répétitions, à faire un site internet. Mais nous ne sommes pas découragés pour autant !
Face à la réalité du monde des entreprises et du travail au Congo, comment les étudiants de l’ISIC appréhendent-ils leur avenir professionnel ?
D’abord, de manière générale, la population fait preuve d’une vraie vitalité. On voit clairement que les gens d’ici, et les jeunes en particulier, ont envie d’avancer dans leur vie et de s’en sortir, et cela malgré le contexte de ce pays, ses infrastructures peu développées et les difficultés de sa gouvernance. J’ai en tête un exemple frappant de ces difficultés, avec le cas d’une jeune fille qui avait commencé à venir à mon atelier : elle était intéressée, elle s’appliquait. au bout de quelques séances, elle ne venait plus du tout. Je lui ai demandé pourquoi la fois suivante : elle m’a répondu que cette séance supplémentaire ne faisait pas partie de son cursus initial, et que sa famille ne lui donnerait pas d’argent pour payer son transport en bus le samedi ; sachant que la ville de Kinshasa s’aggrandit, pour elle, cela représentait pas moins de deux heures de transport, matin et soir.
Dans la capitale de la RDC, le taux de chômage est de 70%, et les entreprises qui travaillent dans les nouveaux domaines de l’informatique ne sont pas légions. On assiste aussi à des tensions récurrentes parmi les milieux étudiants, les universités publiques.
L’ISIC a une vraie vocation sociale ; et cependant, beaucoup d’étudiants sont toujours en difficulté pour s’acquitter des frais de scolarité, qui sont pourtant relativement modestes : c’est pourquoi, avec le soutien de la Fondation Marianiste, un système de bourses a été mis en place pour les plus démunis.
Les étudiantes de l’ISIC bénéficiaires de bourses témoignent !
Dans le milieu professionnel, l’Institut jouit d’une bonne réputation. Il faut savoir que dans beaucoup d’écoles ou d’instituts universitaire, les jeunes suivent une formation dans laquelle ils ne vont pour ainsi dire, la plupart du temps, rien apprendre de concret, mais obtenir un diplôme de complaisance, moyennant finance. L’ISIC refuse catégoriquement ces pratiques et dispense un vrai savoir. Malgré cela, le gros problème reste le marché de l’emploi à Kinshasa, qui n’est pas large, et dans lequel les attributions se font par relation plutôt que sur la base des compétences réelles ; cependant, il faut noter que de nombreux anciens étudiants de l’Institut ont pu trouver des postes de qualité, notamment dans des ONG ou des entreprises étrangères implantées ici. La formation dispensée permet donc souvent de faire la différence.
« DANS UN CONTEXTE DIFFICILE, L’ISIC DISPENSE UN VRAI SAVOIR AUX ETUDIANTS ET SA FORMATION PERMET SOUVENT DE FAIRE LA DIFFERENCE. »
Vous connaissiez déjà les Marianistes avant d’arriver au Congo : en quoi l’oeuvre de l’ISIC est-elle typique de leur engagement au service des plus démunis ?
Les religieux marianistes avec lesquels nous travaillons ici sont Congolais, ils sont du pays et ont donc cette culture, que nous avons mis nous-même un certain temps à appréhender. Il y a un esprit de famille qui est une réalité ; les étudiants de l’ISIC sont bien encadrés, avec une certaine rigueur, par les frères. Nous constatons que ces derniers sont entièrement dévoués à leur tâche, alors qu’ils sont confrontés à un manque récurrent de moyens.
Quels sont justement ces manques de moyens et comment faire évoluer la situation ?
Je me suis occupé du matériel informatique avec le directeur de l’établissement ; pratiquement tous nos postes datent des débuts de l’établissement, ils ont donc dix ans maintenant ; il y a un vrai besoin de renouvellement, et du reste, lorsque l’on souhaite apprendre l’informatique, sans matériel moderne, cela devient vite compliqué. c’est aussi la problématique de la fourniture d’énergie ; un groupe électrogène a été acquis mais il consomme beaucoup d’essence. Nous avons parfois des séances en informatique ou sur les trois heures que durent le cours, il va y avoir 10 coupures d’électricité, ce qui n’est pas bon pour les machines. Les besoins sont donc bien réels. Avec le soutien de la Fondation Marianiste et de ses donateurs, nous avons la conviction que nous pouvons faire beaucoup mieux qu’aujourd’hui !
Si vous deviez retenir un mot chacun sur votre expérience, quel serait-il ?
Nous en donnerions deux : l’interculturalité d’abord, avec l’originalité de notre présence dans des quartiers vraiment populaires de Kinshasa, où nous sommes pratiquement les seuls Européens. Et puis aussi la résilience, avec cette capacité dont nous avons parlé qu’on les gens ici à rebondir et à se battre pour un avenir meilleur.
Bravo à François, Linda et leurs deux enfants pour leur engagement solidaire avec la Fondation Marianiste dans le cadre du Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) au Congo-Kinshasa !
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