TRIBUNE
Par Véronique GOUPY, Présidente de la Fondation Marianiste
La patience et l’audace, qualités en apparence contradictoires, sont les vertus premières de tout éducateur.
Notre patience ? Elle est mise à bien rude épreuve, dans cette période si singulière que nous traversons où le pays entier, comme beaucoup d’autres, voit son confinement prolongé pour lutter contre les effets d’une pandémie meurtrière. À la maison, nombre de papas et de mamans se sont réinvestis dans l’instruction de leurs têtes blondes, aux prises avec ces exercices de mathématiques dont ils n’avaient pas savouré les énoncés depuis longtemps. Et les professeurs de déployer – à distance – des trésors d’attention et de pédagogie.
Que soient ici remerciés tous les enseignants des établissements scolaires marianistes de France, les équipes pédagogiques, les personnels administratifs, les conseils de direction, et bien entendu les services de maintenance informatique. Tous ceux qui, depuis maintenant un mois, travaillent sans cesse pour que la continuité pédagogique, que l’on nous vante si souvent, ne soit un vain mot pour personne. Ils s’attachent à mettre en oeuvre, de façon concrète, l’une des valeurs les plus importantes à laquelle notre famille soit attachée : l’adaptation au changement.
Notre audace ? En ce moment, on la remettrait bien volontiers à plus tard. La santé, la sécurité d’abord, il sera bien temps de penser au reste lorsque reviendront des jours meilleurs ! C’est vrai, et pourtant toute crise, même avec les drames qu’elle cause, demeure pour nos consciences une opportunité sans pareille de se remettre en question, de changer nos modes de fonctionnement.
NOTRE AVENIR COMMUN EST INDISSOCIABLEMENT LIÉ À L’ÉDUCATION DE CHAQUE PERSONNE EN PARTICULIER.
Comme beaucoup de nos concitoyens, nous sommes convaincus que les événements actuels doivent nous encourager à plus de fraternité et de solidarité, nous conduire à retrouver sans doute cette patience, qui nous avait tant manqué jusqu’à présent dans nos relations humaines, économiques et sociales. Mais ils doivent aussi et surtout nous dissuader de retarder sans cesse les décisions qui doivent être prises pour notre avenir commun. Cet avenir est indissociablement lié à l’éducation de chaque personne en particulier. Pour tout homme et toute femme, quelles que soient ses origines ou sa condition, il se prépare très tôt, dès la plus tendre enfance.
Redisons-le : le moteur principal d’un pays, c’est l’éducation. C’est par elle que beaucoup sortent de leur misère, que le développement, la prospérité, la qualité de vie s’installent durablement dans une société. Or, à la Fondation Marianiste, nous savons, par l’expérience bicentenaire de nos fondateurs, que si la véritable éducation est celle qui sait attendre et éduquer à l’attente, en rejoignant le rythme de chacun, elle est aussi celle qui, le moment venu, accepte de s’engager sur des voies nouvelles, porteuses de fécondités insoupçonnées pour tous ceux qui nous sont confiés.
Comme les soeurs marianistes, que j’ai eu récemment la joie de rencontrer au Foyer Adèle House en Inde, à Ranchi, et qui accueillent des dizaines d’enfants et d’étudiantes en leur offrant un cadre sécurisé de vie et d’étude, nous voulons répondre aux besoins les plus essentiels de ceux qui sollicitent notre intervention sur le terrain, pour les aider à bâtir leur avenir, leur ouvrir de nouveaux horizons professionnels, et élargir pour eux le champ des possibles.
À l’image des ouvriers et des religieux marianistes de la mission d’Akacomoékro, en Côte d’Ivoire, qui gèrent avec soin les plantations d’hévéas, de bananiers, de tecks et de palmiers – des espèces si différentes les unes des autres dans leur croissance et leur entretien, nous voulons, à travers les projets que nous soutenons, discerner le meilleur dans le coeur de tout être humain pour le faire grandir et s’épanouir, chacun selon ses capacités et ses aspirations profondes.
Telle est l’ambition de notre Fondation. Comment souhaitons-nous l’accomplir ? En renforçant notre engagement solidaire et en faisant bénéficier le plus grand nombre de notre expertise au service de la personne.
Avec vous, nous voulons venir à l’appui de projets clairs et pertinents, qui répondent aux besoins éducatifs de nos contemporains. Sur ces projets, nous nous engageons à vous fournir l’information la plus large possible pour que vous puissiez saisir en toute transparence l’efficacité de notre action et les fruits de votre générosité.
Reconnue d’utilité publique depuis maintenant dix ans, la Fondation Marianiste a déjà fait ses preuves pour aller chercher les ressources humaines et financières nécessaires afin de créer, en particulier grâce à des initiatives concrètes dans les établissements scolaires marianistes, les conditions matérielles permettant à nos élèves de recevoir une formation intégrale de leur personne, avec toute la bienveillance et l’attention nécessaires.
Enfin et alors que s’ouvre une période d’incertitude majeure, nous voulons fédérer les énergies, réunir les bonnes volontés, combiner tous les talents, d’où qu’ils viennent, et remettre à l’honneur l’esprit de famille, l’entraide et le partage, qui font la force de notre réseau, et dont nous aurons toujours besoin pour avancer pas à pas.
Plus que jamais, nous sommes Marianistes, et fiers de l’être.
Un jour prochain, la vie reprendra son cours. Oserons-nous alors nous mettre à bâtir un monde plus équitable et plus juste ? Pour y arriver, un seul moyen : offrir ensemble, à tous et toutes, une éducation patiente, attentive, à l’écoute, persévérante ; mais aussi audacieuse, inventive, courageuse et confiante. Elle seule pourra porter des fruits qui demeurent.