Une réflexion sur le charisme marianiste
Par Pierre MAROT
Beaucoup d’entre nous, après le terrible attentat dont a été victime Samuel Paty le 16 octobre dernier à Conflans Sainte-Honorine, ont exprimé leur vive émotion, mais surtout leurs interrogations : comment a-t-on pu en arriver là ? Comment un simple professeur, que tous disaient consciencieux, dévoué envers ses élèves et attaché à sa mission d’enseignement, a-t-il pu subir si odieusement les foudres de la barbarie ? Qu’a-t-il manqué à notre pays et à notre société pour empêcher la survenue de cette absurdité ?
Le vendredi 20 novembre dernier a marqué la Journée Internationale des Droits de l’Enfant, qui est aussi le jour anniversaire de la reconnaissance d’utilité publique de la Fondation Marianiste. Nous avons une pensée pour tous les enseignants de notre pays, et en particulier pour les équipes pédagogiques de tout le réseau scolaire marianiste, qui continuent à accomplir chaque jour leur tâche auprès des douze mille élèves qui nous sont confiés. Avec eux, nous nous rendons compte aujourd’hui que le plus grand défi auquel notre société actuelle est confrontée est non seulement de lutter contre le fanatisme et l’intolérance, mais aussi et surtout de continuer à affirmer que les convictions religieuses, lorsqu’elles s’expriment dans le respect de l’autre, la tolérance et la solidarité humaine, ne s’opposent nullement à la raison, au dialogue et à l’épanouissement. C’est d’ailleurs ce que le Pape François vient de nous rappeler avec force à travers son encyclique Tous Frères. Mais encore faut-il que ces convictions, pour qu’elles puissent interpeler nos contemporains, se traduisent en actes, et qu’elles restent solidement ancrées dans le présent et le réel.
Une réflexion fort intéressante sur ce qu’il est convenu d’appeler le “Charisme marianiste” est en cours dans notre famille. Réunions de travail, recherches historiques, publications diverses ou projets d’ouvrages viennent à l’appui de cette concertation. Mais qu’est-ce donc que ce charisme, comment le définir, comment le transmettre et surtout comment le traduire jour après jour dans notre travail et nos engagements divers ? Avec le génie qui leur était propre, le Père Chaminade et Mère Adèle de Trenquelléon avaient déjà donné à leurs disciples une clé pour répondre à cette question : l’éducation était pour eux, nous le savons, la meilleure façon de former le cœur, l’esprit et le corps de chacun de leurs élèves, de leur inculquer dès le plus jeune âge cet équilibre de vie salutaire entre la soif de connaissance, l’épanouissement personnel et la recherche inépuisable de la vérité.
POUR LE PÈRE CHAMINADE ET MÈRE ADÈLE, L’ÉDUCATION ÉTAIT LA MEILLEURE FAÇON DE FORMER LE CŒUR, L’ESPRIT ET LE CORPS DE CHACUN DE LEURS ÉLÈVES, DE LEUR INCULQUER DÈS LE PLUS JEUNE ÂGE CET ÉQUILIBRE DE VIE SALUTAIRE ENTRE LA SOIF DE CONNAISSANCE, L’ÉPANOUISSEMENT PERSONNEL ET LA RECHERCHE INÉPUISABLE DE LA VÉRITÉ.
Avec toute l’équipe de la Fondation Marianiste, depuis onze ans aujourd’hui, nous sommes convaincus qu’une éducation intégrale, bienveillante, vécue dans la confiance et la persévérance, accessible à tous, représente bien plus qu’un simple atout pour ceux qui la reçoivent : elle est le fondement même d’une société juste et solidaire. Elle permet à chacun de développer ses capacités et ses talents pour le bien de tous. Elle ouvre l’esprit et le cœur à quelque chose de plus grand, qui surpasse nos divisions.
C’est ce qui anime notre travail et nous amène à soutenir de nombreux projets concrets en faveur de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’éducation à la santé et de l’éducation à l’autonomie alimentaire. Notre réseau scolaire, en particulier, fourmille de ces initiatives : caisse de solidarité pour les étudiants issus de familles aux revenus modestes en classes préparatoire, modernisation des locaux pour améliorer l’accueil et la prise en charge de nos élèves, opérations solidaires au profit des œuvres des frères et sœurs marianistes à l’étranger comme les “Bol de riz” ou les “Opérations pamplemousses”, la liste serait encore bien longue. La Fondation Marianiste est heureuse de soutenir tous ces projets, comme elle est fière de les promouvoir en les faisant connaître, par sa communication et ses campagnes d’appel à la générosité, à des dizaines de milliers de personnes qui, jusqu’alors, ne connaissaient pas ou que très peu les Marianistes. Et pour continuer cette belle mission qui est la nôtre, nous avons besoin de toutes les forces vives de notre Famille. Nous avons besoin de vous.
Alors que vient d’être promulgué le Projet Educatif du réseau scolaire marianiste de France, faisons nôtres et mettons en pratique les qualités de Marie, première éducatrice, “ouverte et disponible, à l’écoute de la Parole du Seigneur qui l’invite à l’aventure, attentive aux besoins de chacun, ne ménageant pas sa peine pour rejoindre l’autre.”
Aujourd’hui, plus que jamais, nous, membre de la grande Famille Marianiste, religieux, religieuses, membres des Fraternités et de l’Alliance mariale, mais aussi enseignants, laïcs engagés dans notre réseau, anciens élèves, amis des Marianistes, avons quelque chose à dire et à apporter à notre monde si troublé. Et nous le ferons bien si nous ne restons pas fixés sur notre passé, mais que nous regardons avec confiance vers l’avenir et que nous construisons cet avenir dans un engagement concret, par l’Education, auprès de ceux qui en ont le plus besoin. Dans cette perspective, la Fondation Marianiste se tient prête à rassembler les énergies, les bonnes volontés et les talents.